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Edito – D’une crise de l’Immobilier à la crise du Logement

Le ciel de l’immobilier semble enfin s’éclaircir, pour autant l’horizon reste lourdement chargé. Après des mois de turbulences, la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) se félicite d’une stabilisation des ventes en fin d’année 2024, laissant entrevoir un frémissement de reprise. Néanmoins, derrière cette embellie se cache une crise bien plus profonde : celle du logement.

Un marché qui touche le fond

775 000 transactions. C’est le chiffre avancé par la Fnaim pour 2024, en baisse de 11 % sur un an et de 36 % en trois ans. Une chute historique, la plus forte enregistrée depuis 50 ans, selon son président Loïc Cantin. « Le pire est passé », rassure-t-il, en s’appuyant sur les premiers signes de stabilisation et une diminution contenue des prix (-0,8 %). Toutefois, cet optimisme mesuré peine à masquer les causes profondes de la crise : inflation, hausse des taux d’intérêt, et un accès au crédit qui s’est restreint.

Les professionnels, eux, restent sur le qui-vive. « Un redémarrage progressif est envisageable, mais il dépendra des politiques publiques et des ajustements des taux », souligne la Fnaim. En clair : le marché attend des actes, pas seulement des mots.

Logement : la vraie urgence

Car si le secteur immobilier amorce une lente reprise, celui du logement reste embourbé. Saturation des logements sociaux, chute de la construction neuve et recul dramatique de l’offre locative privée forment un cocktail explosif. « La situation est alarmante », avertit Loïc Cantin. Avec une gestion locative en baisse de 30 %, les investisseurs se détournent du locatif traditionnel, refroidis par une avalanche de contraintes : hausse de la taxe foncière, encadrement des loyers, et rénovation énergétique coûteuse.

À cela s’ajoute l’essor des locations touristiques de courte durée, encouragé par des plateformes comme Airbnb ou Booking. En cinq ans, le nombre de nuitées a bondi de 86 %, contribuant à une raréfaction inquiétante des biens disponibles pour les locataires.

Des annonces insuffisantes

Face à cette situation explosive, le Premier ministre, François Bayrou, a esquissé mardi une réponse lors de sa déclaration de politique générale. « Chacun doit avoir accès à un logement abordable », a-t-il affirmé, en promettant de lever les contraintes sur la construction et de relancer l’investissement locatif. Cependant pour la Fnaim, ces engagements manquent d’envergure. « Nous avons besoin de mesures structurantes », clame la fédération, qui réclame des allègements fiscaux sur les transactions et des soutiens massifs à la rénovation énergétique.

Les promoteurs immobiliers, eux, se montrent plus optimistes. Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers, juge la feuille de route « claire » et alignée sur les priorités du secteur. Le véritable défi reste le passage des paroles aux actes, alors que 2025 s’annonce déjà comme une année critique.

Le défi d’une politique globale

L’immobilier peut espérer un redémarrage, mais le logement reste un patient sous perfusion. La France doit relever un défi de taille : réconcilier les aspirations des propriétaires, les besoins des locataires, et l’impératif de transition énergétique. Une équation complexe, qui nécessitera bien plus que des promesses pour être résolue.


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Réexamen des demandes de crédits immobiliers refusés : le dispositif abandonné

Le dispositif de réexamen des demandes de crédits immobiliers refusées, peu sollicité en 2024, ne sera pas reconduit en 2025, a annoncé jeudi la Fédération bancaire française (FBF) à l’AFP. « Ce mécanisme, destiné à revoir les dossiers de crédits immobiliers non accordés, a suscité très peu de demandes l’an dernier, malgré une information complète des clients concernés. C’est pourquoi il ne sera pas prolongé cette année », a précisé la fédération. Selon les estimations, seuls quelques dizaines de dossiers auraient été éligibles, un chiffre marginal dans un marché déjà en forte décélération.

Mis en place en février 2024, à l’initiative de la Banque de France et du ministère de l’Économie, ce dispositif de « seconde chance » permettait aux emprunteurs dont les dossiers avaient été refusés de demander un nouvel examen. Ce système visait à soutenir les financements de résidences principales, secondaires et d’investissements locatifs dans un contexte marqué par la crise de l’immobilier. Initialement prévu pour s’achever fin 2024, il n’aura finalement pas survécu au manque d’engouement.


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