Depuis bientôt un an, plusieurs articles ont utilisé des termes guerriers pour illustrer les relations courtiers / banques. Le recours à ce vocabulaire ne ferait-il pas qu’attiser les tensions, et finalement conduire à l’impossibilité d’un dialogue apaisé ?
Rappelons le rôle des courtiers intermédiaires en opérations de banque et services de paiement.
Le courtier-IOBSP présente, propose ou aide à la conclusion d’opérations de banque telles que des crédits et effectue tous conseils préparatoires à leur réalisation, dans le domaine des opérations de crédit (L. 519-1 et suivants, art. R. 519-4 II du Code monétaire et financier). Ce faisant, il s’engage à se comporter d’une manière honnête, équitable, transparente et professionnelle à l’égard de son client, et à tenir compte des droits et des intérêts de ce dernier.
La relation entre le courtier-IOBSP et son client est contractualisée au travers du mandat de recherche de capitaux : le client donne mandat au courtier-IOBSP de rechercher pour son compte et en son nom une proposition de financement. Le courtier-IOBSP est donc le mandataire de son client pour solliciter l’obtention d’un crédit.
Au fil des ans, l’intermédiation en crédit immobilier s’est imposée dans le paysage de la distribution bancaire. Que de chemin parcouru depuis la création de CAFPI (Conseil à l’Accession et au Financement en Prêts Immobiliers) par Elie ASSOULINE en 1971, pionnier du courtage en financement immobilier ! De nombreuses enseignes se sont développées par la suite et un nouveau modèle économique a été proposé en 2004 par Pascal BEUVELET avec In&Fi Crédits : la franchise de courtage en crédit immobilier était née.
Des agences de courtage en crédit de plus en plus nombreuses
Depuis une quinzaine d’années, le courtage en crédit immobilier n’a cessé d’essaimer de nombreuses agences partout en France, d’abord dans les grandes métropoles de région et finalement aussi dans des bassins de population plus modestes, et différents modèles économiques se sont développés.
ENSEIGNE | AGENCES | COLLABORATEURS |
MEILLEURTAUX | 340 | 1 000 |
CIE EUR. DE CREDIT | 300 | NC |
CAFPI | 230 | 1 400 |
VOUSFINANCER | 207 | 671 |
LA CENTRALE DE FINANCEMENT | 190 | 900 |
YMANCI | 130 | 550 |
IN&FI | 120 | 350 |
ARTEMIS | 70 | NC |
Source : site internet des enseignes
Le nombre de points de contacts physiques s’amplifie chaque année : si l’on peut regretter l’absence de statistiques fiables, on peut faire un simple parallèle avec le nombre d’agences bancaires qui lui, ne cesse de diminuer année après année. Et en compilant les annonces de fermeture d’agences, le nombre d’agences en France pourrait diminuer de 7,5 % sur la période 2018 / 2022, passant de 36.000 à 33.000 – ce, sans tenir compte de la crise sanitaire et économique que nous traversons.
Le courtage de proximité, qu’il soit organisé en franchise, en réseau intégré, ou indépendant, a fort logiquement trouvé sa place pour être au plus proche des clients : conseil, expertise, disponibilité – autant d’arguments en faveur des courtiers-IOBSP et de leurs collaborateurs mandataires (MIOBSP) ou salariés.
En cumulant le courtage physique et le courtage digital, la part intermédiée de crédit immobilier augmente chaque année pour représenter près de 40% du marché – un chiffre en hausse constante et certains observateurs voient la PDM du courtage dépasser les 50% dans les toutes prochaines années.
Besoin de comparer, gagner du temps, être accompagné, réaliser des économies : plusieurs sondages réalisés auprès des Français convergent dans leurs conclusions. Le courtage a bel et bien gagné ses lettres de noblesse auprès des consommateurs !
Alors, que se passe-t-il depuis plusieurs mois, qui amènent certains à parler de fracture, de guerre ouverte entre banques et courtiers ?
N’y allons pas par quatre chemins. Le sujet, c’est celui des conventions de partenariat, ces contrats destinés à organiser la relation entre le courtier et le partenaire bancaire et prévoir le cas échéant une rémunération en contrepartie de l’apport de clientèle. Ces conventions que plusieurs établissements bancaires ont commencé à modifier unilatéralement en diminuant la rémunération, quand il ne s’agissait pas purement et simplement de les dénoncer. S’en est suivi un profond mouvement d’inquiétude sur le modèle économique du courtage !
Les courtiers dits gratuits (ceux qui ne vivaient que de la rémunération de la banque, le fameux « 1 point de com’ ») ont dû revoir leur stratégie et commencer à facturer des honoraires ; les courtiers pratiquant déjà la facturation d’honoraires ont vu leur marge s’effriter… et c’est tout un pan du marché de la distribution bancaire qui a menacé de s’effondrer, cependant que la crise sanitaire est arrivée… et que la recommandation du HCSF de décembre 2019 et confirmée en août 2020 n’a fait qu’accélérer les inquiétudes des acteurs du courtage.
On se résume : baisse du commissionnement bancaire, résiliation de conventions de partenariats, augmentation des dossiers refusés pour cause d’usure ou hors-normes suite à la recommandation du HCSF… c’est un cocktail détonnant !
Et pourtant… les clients sont là, plus que jamais, à solliciter l’aide d’un courtier pour réaliser leur projet immobilier !
Ne pas se tromper de débat
Mais, ne nous trompons pas de débat. Non, les courtiers ne sont pas en guerre contre les banques.
Notre pays va entrer dans une zone de turbulences sur le plan économique : il est impossible de prévoir l’impact final qu’aura la crise sanitaire qui s’est transformée en crise économique dont les effets commencent tout juste à se faire sentir.
Alors, ne grippons pas le marché du crédit et celui de l’immobilier par des obstacles inutiles et au final dangereux pour le consommateur final. La profession de courtier-IOBSP a vu sa réglementation renforcée ces dernières années, dans un souci permanent de protection des intérêts des clients. Les IOBSP sont mandatés par le client pour agir en son nom en vue de la présentation de leur projet d’acquisition. Ils constituent une force commerciale fantastique pour fluidifier la distribution bancaire et participer, comme tant d’autres acteurs économiques, à créer de la croissance.
Les courtiers-IOBSP ne souhaitent qu’une chose : exercer sereinement et pleinement l’activité d’intermédiation bancaire, au service des intérêts des consommateurs et dans une relation durable, professionnelle et apaisée avec les banques.