Ce week-end à Bordeaux, le ministre du Logement Patrice VERGRIETE intervenait à une table ronde sur l’immobilier. “Bien se loger est-il devenu un luxe ?” : Made in Courtage était présent.
“Enfin !” diront certains… le gouvernement s’empare du dossier du logement. Après des conclusions du CNR consacré à ce sujet décevantes, de nombreux professionnels de l’immobilier faisaient part de leur inquiétude.
Dans une interview accordée au journal Le Monde (édition du dimanche 8 octobre) Patrice VERGRIETE s’explique : “nous ne pouvons pas aller à contre-courant de la macroéconomie : quand les taux d’intérêt passent de 1 à 3,8%, que les permis de construire baissent, nous ne sommes pas en mesure de relancer facilement la production de logements. Nous ne pouvons pas non plus attendre que le marché se régule (…), cela prendrait deux ans (…) et causerait une crise sociale”.
Pour éviter une telle crise sociale, il faut urgemment amortir le choc et retrouver de la demande. Revue de détail des annonces de ces derniers jours.
Des dispositions en faveur de l’accession à la propriété
Le recentrage du Prêt à taux zéro a pour objectif de le rendre plus efficace : ce dispositif va être réformé pour se concentrer sur les zones les plus tendues. Les plafonds et barèmes vont être revus en faveur des emprunteurs. Objectif : 40.000 prêts à taux zéro en 2024 (soit autant qu’en 2023)
Le bail réel et solidaire doit voir son attractivité elle aussi renforcée. Ce mécanisme qui permet l’achat du bâti et le versement d’une redevance pour le terrain, est un dispositif efficace pour diminuer le prix du logement. Ses plafonds de ressources vont être revus à la hausse pour permettre à un plus grand nombre de candidats d’en bénéficier.
Autre sujet de préoccupation : les critères du HCSF, ou plus précisément les possibilités de dérogation. Les banques utilisent environ 13% des possibilités de marge de manoeuvre, là où elles disposent pourtant d’un plafond de 20%. De nouvelles discussions vont être entamées avec le gouverneur de la Banque de France.
La transition écologique
Pour le ministre, abandonner la transition écologique serait “une mauvaise réponse”. Beaucoup de professionnels de l’immobilier s’inquiètent de l’obligation de rénover les passoires thermiques mises en location (rappel : entrée en vigueur au 1er janvier 2025 pour les logements classés G). Le sujet divise (NDLR : certaines régions entendent ne pas appliquer cette disposition). Pour autant, ce sont 673.000 logements qui sont concernés, selon Patrice VERGRIETE. Or, le dispositif MaPrimeRénov’ a permis l’an dernier d’accompagner 670.000 projets de rénovation : le rythme doit être maintenu.
Pour les copropriétés (où les travaux sont souvent plus longs et compliqués à réaliser), sera mis en place un dispositif d’accompagnement renforcé.
Des solutions structurelles
Et si la politique du Logement était décentralisée ? En effet, les besoins ne sont pas les mêmes d’une région à l’autre, d’une intercommunalité à l’autre. Pourquoi tout devrait être décidé à Paris ? Les normes de construction doivent-elles être nécessairement uniformes partout dans l’Hexagone ? Une loi de décentralisation de la politique du Logement est prévue pour le printemps 2024. Mais dès maintenant le ministre indique vouloir lancer des conventions territorialisées avec les collectivités qui le souhaitent.