Frédéric STEF

Frédéric STEF, Responsable du développement réseaux indépendants chez Premista (Crédit Libra, SimplyMiob, Ymanci), nous livre ici son point de vue sur l’actualité du marché du courtage et des banques, et s’interroge sur le rôle des GAFAM et autres BATX.

Article initialement publié sur LinkedIn le 7 janvier 2020

“Si jamais vous vous retrouvez dans un bateau qui coule, l’énergie pour changer de bateau est plus productive que l’énergie pour colmater les trous.”

Warren Buffet

Dans un contexte particulièrement tendu entre les banques et les réseaux de courtage, le Haut Conseil de Stabilité Financière a émis des propositions pour remettre de l’ordre dans le marché du financement immobilier et surtout juguler les risques de surchauffe :

– Stricte limitation du taux d’endettement à 33%

 – Augmentation du montant des pénalités de remboursement anticipé (IRA)

– Augmentation des taux d’usure ou modification de la formule de calcul du TAEG

– Création d’un taux de crédit immobilier plancher en deçà duquel les banques ne pourraient pas descendre

Diantre ! Voilà des mesures coercitives qui semblent oublier un élément clé : le client. Mais j’y reviendrai… Comment donc en est-on arrivé à une situation si critique que les régulateurs en viennent à envisager de telles mesures ? Petit retour en arrière…

Depuis quelques années, les banques ont vu apparaître de nouveaux acteurs dans leur paysage jusqu’ici idyllique : les réseaux de courtage. Auparavant peu nombreux, atomisés (sauf quelques exceptions) et exerçant un métier pas ou peu réglementé, ils représentaient pour les banques au mieux une variable d’ajustement dans leur production de crédits, au pire d’insignifiants empêcheurs de tourner en rond. Mais l’évolution du monde bancaire (réduction du nombre d’agences et de conseillers, manque de conseil et d’accompagnement des clients, expertise fragile…), la structuration du métier d’IOBSP (via de nombreuses lois notamment…), le besoin des clients d’y voir plus clair et de comparer (tendances lourdes) et le fait que les produits bancaires soient dorénavant considérés comme des produits comme les autres (fin de la fidélité à vie à sa banque) ont contribué à l’explosion du nombre d’IOBSP et au développement/renforcement des plus gros réseaux… La concentration a fait son œuvre et les banques se sont retrouvées face à des mastodontes, interlocuteurs puissants, compétents, devenus incontournables dans le crédit, immobilier notamment. Par ailleurs, n’oublions pas que les banques ont profité de l’éclosion des réseaux de courtiers : réception de dossiers ficelés, paiement au success fee, externalisation des coûts de montage des dossiers…